Epaves

La société relègue aux frontières de ses cités ce qui est cassé, rouillé, écaillé. Elle abandonne ses machines dans un entassement de tôles, dans un foisonnement figé de volumes, de reliefs et de formes enchevêtrées. C'est l'univers de la carcasse, du fragment, du désarticulé, où tout un peuple de ferraille, rejeté et déchu, attend, dans une torpeur silencieuse, une éventuelle réhabilitation.
Sous l'altération du temps, les épaves se parent de maquillages colorés, d'incrustations minérales, de tatouages mystérieux, pour offrir dans un épanouissement presque végétal, leur étrange beauté, immobile et abandonnée.